Quentin Di Meo, le rapport sur un système d’asile à dimension humaine de la commission législative a été accepté à l’unanimité par le Grand Conseil neuchâtelois début septembre. En quoi est-ce une bonne nouvelle?
Les sujets liés à l’immigration sont délicats et il est très rare que tous les partis politiques se mettent d’accord. Cependant, la situation dans le canton de Neuchâtel n’est plus tenable et il est temps de prendre des mesures. Quand bien même nous connaissons la portée très limitée d’une initiative cantonale, grâce à ce décret, nous envoyons un message fort à l’Assemblée fédérale. Nous espérons que nos demandes se- ront prises au sérieux et que le dimensionnement ainsi que le système de répartition des centres d’asile dans notre pays changeront bientôt.
Qu’y a-t-il de nouveau dans ce rapport?
Le texte initial a été déposé par le parti socialiste. Plusieurs amendements du PLR ont permis particulièrement de supprimer la question des moyens alloués à la politique de l’asile qui doit être évaluée à l’échelle nationale. Le décret se concentre sur la répartition des centres fédéraux d’accueil et sur l’encadrement, l’accompagnement et la santé des requérants d’asile. Il est également demandé une meilleure gestion des personnes présentant des problèmes sécuritaires en améliorant notamment la procédure permettant le renvoi.
Est-ce réellement au canton de gérer les difficultés liées à un centre fédéral?
C’est là toute la question. La Confédération finance l’accueil des requérants d’asile jusqu’à leur placement dans les cantons. À Boudry, il s’agit du plus grand centre suisse de premier accueil. Le canton de Neuchâtel reçoit un financement qui se limite aux activités ordinaires telles que les procédures ou la sécurité de base à l’intérieur du centre. Cependant, en cas d’incident, le canton assume une grande partie de la charge. Cela peut représenter des montants conséquents en fonction de la nature des infractions commises sur notre territoire, interventionsde la police et système judiciaire notamment.
Quelles sont les réponses apportées dans ce rapport pour rassurer la population qui se plaint - notamment - d’incivilités dans les transports publics?
Les réponses sont évidemment insuffisantes pour le moment. Une partie de la population se plaint de la situation. Elle a raison de le faire, car les débordements sont nombreux et le sentiment d’insécurité se répand. Les transports publics sont souvent mentionnés mais la problématique s’étend plus largement. Les commerces, par exemple, sont également impactés. Il faut bien entendu considérer le contexte social et prendre en considération l’humain, là n’est pas la ques- tion. Mais Neuchâtel assume une part trop importante et trop grande de la responsabilité commune de notre pays. Les autres cantons doivent davantage être mis à contribution.
On sent le PLR suisse très remonté contre l’attitude de la Suisse face à l’immigration. En quoi le PLR neuchâtelois, et le groupe au Grand Conseil en particulier, se distingue-t-il du parti national?
Hart aber fair! Nous partageons cette position Ferme, mais juste! que le PLR défend au niveau national. Ce qui peut nous distinguer à Neuchâtel, c’est la situation particulière de nos centres d’accueil. Nous devons dès lors être très attentifs à cette thématique qui anime bien des discussions au sein de la population.
Propos reccueillis par Raphaèle Tschoumy